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L’avenir de l’automobile : les voitures offertes gratuitement


Le PDG de PSA a annoncé la semaine dernière l’intention du groupe de lancer une voiture hybride (diesel – électricité rechargeable) en 2012. Je ne vais pas revenir ici sur le commentaire que j’ai fait sur cette annonce dans un précédent post. Apres avoir présenté succinctement le processus de planification et de prise de décision du haut en bas d’une entreprise en rappelant la définition et le  positionnement de la mission, des objectifs et des stratégies d’une entreprise, je vais revenir sur un point que j’ai déjà aborder dans un précédent post. Le moment n’est-il pas venu pour les constructeurs d’automobiles de « revoir leur mission, c’est-à-dire leurs objectifs / modèle ? ». Le PDG de PSA dans ses dernières annonces parle de voitures électriques et hybrides… Tout le monde parle de ces deux solutions au point ou l’on risque d’en faire un reflexe pavlovien quand on aborde le sujet de l’innovation.

 

Afin de comprendre les choses revenons sur un  de mes précédents posts : Le modèle de Better place qui est en train de redéfinir le business de l’automobile. Better Place considère que le coût de procession d’une voiture va au delà de son achat mais inclue également le coût de son utilisation. Le pari de Better Place est que le prix du pétrole augmentera pendant les prochaines années de sorte que le coût d’utilisation d’une voiture (aujourd’hui estimé à environ 3000 dollars aux US) ne cessera d’augmenter. En réalité ils pensent que le ratio coût utilisation voiture essence / prix d’achat de la voiture augmentera de plus en plus. Si cela est vrai alors l’avenir sera dans l’utilisation plutôt que dans la fabrication des voitures. Le modèle qui inspire Better Place est celui du business de la télécommunication mobile, où l’on vous offre de un téléphone portable « gratuit », quand vous vous abonnez (achetez des heures de communication). En lieu et place des heures de communication, Better Place vendra des kilomètres de transport. Cette entreprise prévoit d’avoir deux types de clients : des clients qui ont une voiture électrique à qui ils offriront des batteries gratuitement et des clients qui recevront des voitures (y compris les batteries, bien sûr) gratuitement. Alors comment Better Place s’en sort ? La réponse est dans le graphe ci-dessous. Better Place va s’engager dans la production massive d’énergies renouvelables qui parce qu’elles sont renouvelables auront un prix cout de production stable alors que le pétrole qui se raréfie sera de plus en plus cher (c’est son autre pari). Puis, il mettra en place un réseau (chez vous, au boulot et ailleurs) afin que vous puissiez charger votre voiture sans difficultés. Ensuite Better Place fera payer à ses abonnés un prix au kilomètre supérieur au coût de production mais bien en dessous du coût au kilomètre des produits pétroliers. C’est donc avec cette marge (écart entre la ligne noire et la ligne rouge du graphe ci-dessous) que Better Place pourra se permettre de vous offrir des batteries ou une voiture gratuitement… tout simplement comme font les fournisseurs de télécommunication mobile qui se paient le portable « gratuit » qu’ils vous offrent lors de l’abonnement sur vos heures de communication.

Si Better Place a raison (c’est-à-dire que le prix du pétrole augmentera nettement plus vite que celui de l’électricité), alors la question du cout d’opération de la voiture devient centrale (au delà des implications écologiques). Ainsi celui qui maitrisera les solutions permettant de réduire le coût d’utilisation tiendra l’avenir. Sans demander au constructeur d’automobile français de croire au modèle de Better Place, et de le suivre voici quelques questions qui me turlupinent :

Que font Renault et PSA sur le sujet ?

Si l’on s’oriente vers la solution électrique, la clé devient la batterie, que font les constructeurs Français sur ce point ?

J’ai déjà souligné l’avance pris par certaines entreprises asiatiques sur les batteries  (Hitachi, BYD,…), A-t-on déjà engagé chez Renault et/ou PSA cette course qui pourrait devenir rapidement un déterminant de vie ou de mort ?

Au delà du risque de régulations environnementales plus restrictives qui pourraient être imposées par l’Europe et les USA bientôt, l’enjeu ici est véritablement la survie du modèle économique de nos constructeurs d’automobiles.

Avec mes 3 derniers posts en tête, je me demande s’il n’y aurait pas mieux pour PSA que de repartir sur le « croissance, rentabilité et innovation » de J.-M. Folz d’il y a 11 ans ?

Pour finir, je voudrais rappeler cette citation de Thomas Friedman du New York Times, relative au business

Whatever can be done, will be done. The only question is will it be done by you or to you. Just don’t think it won’t be done. 


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