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“Ich bin ein Berliner” ou le lien entre JFK et le lean


Vous souvenez de la fameuse phrase de JFK en 1963 devant le mur de Berlin, quelques mois après sa construction. Vous le savez peut-être, cette phrase veut dire littéralement « Je suis un beignet » – Berliner est également le nom d’un beignet. Ceux qui pratiquent un peu la langue de Goethe savent que Kennedy aurait dû dire “Ich bin Berliner” –sans le « ein » devant Berliner.

 Cette année (2009) sera célébré le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Avant la chute du mur de Berlin, la voiture « préférée » des allemands de l’Est était la Trabant (souvent appelée Trabi). La Trabi avait un délai d’attente moyen de 15 ans et il était fortement conseillé au propriétaire (comme à celui de Model T de Ford) d’être un bon mécanicien. L’âge moyen des Trabi en circulation était de 28 ans.

Pendant que l’allemand de l’Est attendait 15 ans pour avoir sa voiture, le français attendait quelques semaines et l’américain quelques dizaines de minutes (aux US on peut littéralement rentrer chez le concessionnaire acheter une voiture et repartir). Alors, est-ce que ce délai est indicateur du niveau de déploiement du lean dans ces pays à cette époque ? Ma réponse est non. Il s’agissait tous de pays de « mass production ». En réalité, ce délai est plus un indicateur des valeurs de la société qu’autre chose : l’Allemagne de l’Est communiste, les US hyper-capitalistes et la France capitalise (…enfin d’une certaine manière).

 Dans leur bouquin « Lean Consumption », Womack et Jones définissent, entre autres, l’état d’esprit du client face à la consommation de la manière suivante : « ce que je veux, quand je veux et où je veux… ». Utilisons cette grille pour évaluer les offres en Allemagne de l’Est, en France et aux US en 1989.

 L’on peut dire avec quasi-certitude que le consommateur Est-allemand n’avait ni ce qu’il voulait (le choix entre la Trabi et le Trabant), ni quand il le voulait (file d’attente de 15 ans) et certainement pas où il le voulait.

 Le client américain pouvait avoir une voiture où il voulait (bon maillage des concessionnaires) quand il voulait mais pas toujours exactement la voiture voulue.

Quant au consommateur français, il avait ce qu’il voulait où il voulait mais pas tout de suite.

 Alors y a-t-il un coût quand on ne peut pas fournir au client « ce qu’il veut, quand il veut et où il veut »? Je ne vous surprendrais pas en répondant « oui ».

A cause du délai d’attente de 15 ans les Trabant d’occasion (disponibilité immédiate) étaient plus chères que les neuves.  Parce que les concessionnaires américains ne pouvaient pas fournir au client exactement ce qu’il voulait, ils devaient accorder quelques réductions (3000 dollars en moyenne par voiture selon une étude de McKinsey).


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