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La loi de cohabitation de TOC et du lean : « Plus une usine est lean moins le goulot est important »


Dans la lancée de mon dernier post, je voudrais présenter une des limites de TOC & variantes. Il s’agit plus précisément des limites de toutes les méthodologies d’amélioration qui se focalisent sur le goulot. Voici l’énoncé de ce que nous  pouvons appeler la loi de cohabitation de TOC et du lean : « Plus une usine est lean moins le goulot est important »

En d’autres termes, les méthodes basées sur le management du goulot telles que TOC et autres variantes ont une efficacité limitée quand une usine est lean. Elles restent, toutefois, efficaces dans les usines qui font de la production de masse (usines comportant beaucoup de stocks).

 Justification de la loi :

Je vais prendre un exemple simple d’une ligne composée de deux machines séparées par un stock intermédiaire. Au départ, ces deux machines sont identiques. Il n’y a donc pas de goulot. Je trace alors la courbe donnant le taux de production de la ligne (pièces / unité de temps) en fonction de la capacité du stock intermédiaire (courbe noire).

Ensuite, j’améliore la première machine (courbe rouge). La deuxième machine devient alors le goulot.

Enfin, j’améliore un peu plus la première machine, qui n’est pas la machine goulot (courbe bleue). Alors que constate-t-on ?

L’on peut voir que quand la ligne a une capacité de stockage importante, les courbes rouge et bleue sont confondues. Cela signifie que la deuxième amélioration apportée à la machine non-goulot n’a servi à rien. Il aurait fallut l’apporter à la machine goulot. Par contre, quand la ligne a peu de stocks l’on aperçoit un écart entre les deux courbes. Cela signifie que cette amélioration a eu un effet. Les usines lean se caractérisent par le fait qu’elles ont peu de stock. Elles sont donc moins sensibles au goulot. Poussons la logique jusqu’au bout et considérons la ligne la plus lean possible : celle qui n’a pas de stock. En effet, dans sa phase ultime l’usine lean n’a pas de stock. Dans ces conditions, la disponibilité résultante de l’usine peut être approximée par produit des disponibilités de toutes les machines (D1xD2 dans notre cas, D1 et D2 étant les disponibilités des machines 1 et 2). Par conséquent, toutes les machines ont la même importance. En effet, l’on peut observer qu’une amélioration de même proportion de D1 ou de D2 produira le même effet final sur la ligne. En réalité, la formule exacte permet de montrer que le goulot reste toujours la cible première, mais de très peu.

Il est intéressant de noter que certaines améliorations peu couteuses sur des machines non-goulot peuvent avoir un retour sur investissement meilleur que des actions sur le goulot. D’où l’intérêt de ne pas se limiter à la machine goulot quand on recherche des opportunités d’amélioration. Cela est encore «  plus vrai » dans des usines lean.

Tout ce qui précède montre également les limites de toutes les méthodologies d’amélioration centrées autour du goulot. La question de l’avenir de ces méthodologies se pose dès lors que l’on considère qu’avec la diffusion du lean, il y aura de moins en moins d’usines de production de masse dans le monde pour justifier leur déploiement.


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